Nazi vrac

L'État de droit, démocratique, pluraliste et libéral a disparu

Il allait, parfois, rendre visite au roi Léopold III, en son palais, « où le souverain le recevait détendu, en culotte de cheval ». Les hommes du premier rang portent l'uniforme des sections d'assaut hitlériennes : culotte de cheval, bottes noires, chemise brune, ceinturon, baudrier, casquette à jugulaire. Tous ces hommes qui portent la même tenue : culotte de cheval, bottes noires, long manteau. Une casquette et un brassard, avec une croix gammée.

Il militera pour une alliance avec l'Allemagne national-socialiste. Pourquoi l'un des plus célèbres journalistes de l'entre-deux-guerres, issu d'une vieille famille française, lié à la communauté juive par son mariage, s'est-il engagé -corps et âme- dans la collaboration avec l'Allemagne nazie ? Chargé, dès 1933, par le président du Conseil radical Édouard Daladier, d'une mission secrète, auprès de Hitler, Fernand de Brinon est fasciné par le Fuhrer.

https://www.youtube.com/embed/8PN1En6TSPE

Je commence. Chancelier: Adolf Hitler.» Je lui demande de répéter. Le temps de reprendre mes esprits.Eh bien, oui! J'avais été comme tout le monde. Je n'y avais pas cru. Nous sommes le 30 janvier 1933. Un lundi.

Le froid est glacial en cette soirée du 30 janvier 1933, date historique qui marque l’accession au pouvoir d’Hitler. Dans les rues de Berlin se déroule évidemment une grande retraite au flambeau.

Bouche roide, chez les nasillards. Tronche et Babillard atterrissent très loin de leur objectif. Le RN et ses alliés ne seront que la troisième force à l'Assemblée. Les résultats enterrent toute perspective d'une cohabitation entre le RN et Emmanuel Macron. Le Nouveau Front populaire, grand gagnant de ces élections, est arrivé en tête, avec 182 députés. Il "proposera un gouvernement cette semaine", assure l'homme politique écologiste Yan Jacob.

Le succès leur donnent des ailes : les nazillons sont de sortie. C’était à Rosporden, lors d’une conférence. C’était à Albi, où des jeunes ont scandé le chant « Länder ruas ! » C’est à Rouen, où le maire a été amené à saisir le parquet alors qu’un bar identitaire projette d’organiser une soirée sur le même thème. Affluent des menaces de mort, des insultes et des agressions avec un niveau de violence des rapports sociaux et politiques en Afrique du Sud, xénophobe.

Annie Bell, candidate Rassemblement national, a été condamnée à de la prison ferme, pour une prise d'otage, à main armée. Cent-vingt-sept membres du Nouveau Front populaire se sont désistés. Arrivé troisième, le candidat résidentiel, Grain Monet, a annoncé se maintenir, au second tour. Il prétend être le mieux placé, pour faire échouer Heinrich Chiotte qui, allié à l'extrême droite, est arrivé loin devant le candidat du Nouveau Front populaire, Olivier Saleron.

Elles s'appelaient Herta, Liselotte, Karin, Lisbet ou Hildegard. Secrétaires, infirmières, humoristes,  chroniqueuses, dessinatrices, au foyer, ou gardiennes de camp, elles ont fait partie des centaines de milliers de femmes qui se sont mises au service du nazisme. On les pensait témoins passives d'un génocide mené par les hommes. On les découvre gravement criminelles. L'implication des femmes, dans les politiques nazies, est insuffisamment documentée.

Beaucoup d'industriels, et d'hommes de droite, réunis autour de Franz von Papen (1879 Werl, Provinz Westfalen - 1969 Obersasbach, Baden-Württemberg) et d'Alfred Hugenberg (1865 Hannover, Niedersachsen - 1951 Extertal, Nordrhein-Westfalen), pensaient se servir de Hitler, pour ramener l'ordre, avant de s'en séparer, dès qu'ils n'en auraient plus besoin. Loin de se laisser instrumentaliser, Hitler parvint, en quelques mois, à mettre le pays au pas.

Se sont développés, au lendemain du premier conflit mondial, des mouvements, à la fois contestataires de l'ordre existant, et farouchement hostiles à l'internationalisme « rouge ». Le prototype en fut les Fasci italiani di combattimento, Faisceaux italiens de combat, un mouvement politique créé, entre autres, par Benito Mussolini, à Milan, le 23 mars 1919. Les Fasci italiani constituèrent, par la suite, à sa création, en 1921, le socle du Parti national fasciste.

La virulente crise économique fait les affaires du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, Parti national-socialiste des travailleurs allemands, NSDAP, fondé, en 1920, au début de la république de Weimar, par Adolf Hitler. Ce parti a le vent en poupe : entre février et novembre 1923, une augmentation de ses effectifs, de 35 000 nouvelles recrues, porte à 55 000, le nombre de ses membres. Cette inflation fait craindre, à certains, l'imminence d'un putsch.

Le 9 novembre 1923, Hitler tente un putsch, à München, avec l'objectif de s'emparer du pouvoir, en Bayern. La réaction étatique fait plusieurs morts, parmi les assaillants. Cet événement rocambolesque aurait pu ne constituer qu'une farce sinistre, sans grande importance. Il s’Averroès, au contraire, une étape décisive, dans les progrès de l'ascension nazie. Hitler tira les leçons de cet échec, qui le convainquit que les urnes étaient la seule voie viable vers le pouvoir.

Ce coup de force n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Après le traumatisme de la Première Guerre mondiale, la société allemande connait le paroxysme d’une crise existentielle. Le traité de Versailles, signé en 1919, qui acte la fin du IIe Reich, est vécu comme une humiliation & l’économie allemande subit une série d’épreuves terribles. Le putsch de la Brasserie apparaît comme un symptôme supplémentaire du déficit de légitimité des institutions.

En juin 1928, le Sozialdemokrat Hermann Müller prend la tête d’une coalition parlementaire, et devient chancelier. En fonction du 28 juin 1928 au 27 mars 1930, son cabinet est composé de membres du SPD, du catholique Deutsche Zentrumspartei, ea. Mis en minorité, Müller présente la démission de son gouvernement. Pour le remplacer, le président de la république de Weimar, le maréchal Paul von Hindenburg, appelle un député du Zentrumspartei, Heinrich Brüning.

La production industrielle chute, l’inflation galope. Profitant de la crise économique et politique qui secoue l’Allemagne, au début des années 1930, Adolf Hitler séduit les allemands qui cherchent une solution pour sortir de la crise. Les adhésions au NSDAP explosent, quintuplant, en l’espace d’une année. Après la victoire électorale de septembre 1930, ce sont 25 000 nouveaux adhérents qui, chaque mois, se bousculent, pour rejoindre les cohortes brunes.

Nous sommes arrivés à Berlin le premier jour de novembre. Nous nous installâmes sur l'Alexander Platz, centre de vie bouillonnante, chauffée par l’angoisse des jeunes chômeurs berlinois. Les rues sont pleines de cris, pleines de monde. Les huitièmes élections fédérales allemandes de la république de Weimar ont eu lieu le 6 novembre 1932. Le NSDAP souffre, par rapport au scrutin précédent, d'une légère baisse. Mais, il reste le premier parti allemand.

La décision d'offrir, à Adolf Hitler, le pouvoir, était-elle inéluctable ? Celui qui a été nommé, à la tête de la République de Weimar, en 1925, n’a jamais adhéré aux valeurs démocratiques. Quelques jours plus tard, Paul von Hindenburg déclare : « Messieurs, j'espère que vous ne me rendez pas responsable de devoir nommer ce caporal autrichien chancelier du Reich ! » Hitler ne sera pas un chancelier de paille : en deux mois, les pouvoirs sont monopolisés par les nazis.

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, fondateur, et figure centrale, du Nationalsozialismus, est appelé, par le président Hindenburg, à la Reichskanzlei. Il forme un gouvernement, qu'il présente, à l'hôtel Kaiserhof. Les Sturmabteilung défilent, dans les rues, pour acclamer leur chef, nouvellement arrivé au pouvoir, parfaitement légalement. Immédiatement, Hitler travaille à transformer l'Allemagne en une dictature, à parti unique, totalitaire, impérialiste, antisémite, raciste et xénophobe.

Les neuvièmes élections fédérales allemandes ont lieu le 5 mars 1933. Elles seront la dernière consultation électorale libre, en Allemagne, avant la Seconde Guerre mondiale. C'est un nouveau succès, pour le parti nazi. Le président du Reich, le maréchal Paul von Hindenburg, reçoit son dirigeant, le chancelier du Reich, Adolf Hitler, le cabinet, et les députés du parlement. Dès l’été 1933, l’État de droit, démocratique, pluraliste et libéral a disparu, en Allemagne.